Guérir grâce au sens du mouvement
L'Alsace

Le Dr Jean-Pierre Schwenck donnera une conférence à Westhalten, vendredi 27 août, sur la neuroposture, un concept médical de son cru qui permet de soigner sans médicaments.

Dr Schwenck, qu’est-ce que la neuroposture ?

C’est un concept médical que j’ai inventé en 1988. La neuroposture est diagnostique, thérapeutique, préventive et curative. Elle permet de guérir pratiquement toutes les maladies sans médicaments, les migraines, l’eczéma, l’arthrose, l’arthrite… Cette technique permet aussi à des personnes atteintes de sclérose en plaque de marcher ou encore de diminuer les tensions artérielles.

Mais ce nouveau concept nécessite d’aborder les maladies autrement que dans l’approche traditionnelle. Par exemple, vous souffrez du poignet : il est rouge, gonflé et douloureux. Vous allez voir votre médecin. Et que vous dit-il ? Que vous souffrez d’arthrite. Bref, il vous dit la même chose que ce que vous venez de lui dire, à savoir que votre poignet est rouge, gonflé et douloureux. À l’inverse, la neuroposture ne se contente pas de donner un nom à des symptômes mais elle dit pourquoi votre poignet est dans cet état. En travaillant sur les causes, on fait disparaître les symptômes.

Quelle est la cause de ces symptômes ?

Nous subissons tous, depuis notre plus jeune âge, les aberrations socioculturelles de notre civilisation. Pire, nous les perpétuons. Parmi ces aberrations, il y a les chaussures. La plupart du temps, elles sont trop étroites et elles ont des talons. Par conséquent, notre corps va se plier aux exigences de ces chaussures, entraînant des tensions musculaires qui ne sont pas naturelles. À la suite de cela, comme le corps est un tout, des enfants peuvent développer des eczémas ou se mettre à loucher, des adultes ont mal au dos ou ont des problèmes de vessie. En réapprenant à marcher sur nos deux pieds, normalement, comme nous sommes programmés pour le faire, les symptômes peuvent disparaître.

Quelle différence y a-t-il avec l’ostéopathie ?

En ostéopathie, quelqu’un vous manipule. L’ostéopathe impose aussi une nouvelle tension au corps. Et si ça soulage parfois, rien n’est fait pour éviter que les symptômes reviennent. Moi, je ne manipule pas. Je demande juste aux patients de pratiquer des mouvements cohérents. Ce sont eux qui redonnent les bonnes tensions à leur corps ; je les responsabilise.

Comment en êtes-vous venu à inventer la neuroposture ?

À 40 ans, je me suis retrouvé paralysé et aphasique, d’une seconde à l’autre. Mais je n’avais pas envoyé d’embole vers mon cerveau, je n’avais pas non plus pété une durite. Bref, il n’y avait pas de cause évidente mécanique. J’ai fait plusieurs examens qui ont conduit mes médecins à déclarer que j’allais bien. Personne n’a jamais compris ce qui m’était arrivé. J’ai alors bossé comme un fou, j’ai refait des recherches en neurologie et en anatomie pour comprendre comment tout cela fonctionne. J’ai aussi changé ma pratique médicale et j’ai ainsi pu récupérer des choses graves chez mes patients.

Avez-vous rencontré des cas auxquels vous n’avez pas trouvé de solutions ?

Oui, dans le cas de la maladie de Charcot ou sclérose latérale amyotrophique, au cours de laquelle les gens sont progressivement paralysés. Je me suis occupé de plusieurs personnes qui en sont atteintes mais, pour l’heure, je n’ai pas encore compris. Je commence à avoir ma petite idée et je la travaille.

Quel regard porte vos confrères sur la neuroposture ?

J’anime des conférences et des séminaires pour des professionnels. Certains d’entre eux adhèrent et commencent à pratiquer pour eux et pour leur famille. Mais pour l’intégrer à sa pratique professionnelle nécessite un investissement intellectuel important ; ces médecins, qui ont un cabinet à faire tourner et des patients, doivent retravailler l’anatomie et la neurologie. Personnellement, j’étais extrêmement motivé après ce qui m’était arrivé.

Pouvez-vous nous donner quelques conseils préventifs ?

Pour commencer, les mamans qui allaitent devraient mettre leur bébé à la verticale et non pas le tenir en position semi-assise ou couchée car personne ne peut manger dans cette position-là sans vomir.

Ensuite, il faudrait enlever tous les oreillers des lits car ils permettent seulement de décompenser les postures fausses que nous adoptons toute la journée.

Les femmes devraient aussi abandonner les soutiens-gorge et tout un chacun devrait marcher le plus souvent possible pieds nus : c’est la seule façon pour que les orteils remplissent de nouveau leur fonction dans la poussée qui intervient dans la marche.

Et, pour finir, nous ne sommes pas conçus pour être assis. Dès que nous le pouvons, nous devrions tous nous tenir debout, voire accroupis.
De tels conseils conduisent à repenser toutes nos habitudes et notre mode de vie…

Oui, évidemment, puisqu’il s’agit de retrouver des postures naturelles et de pratiquer des mouvements vrais. Mais si tout le monde en prend conscience, on peut y arriver !

Comment apprendre les mouvements de base ?

À l’issue de cette conférence, un atelier sera mis en place par des bénévoles de l’association « Vivre sans douleurs ». Tous ceux qui sont intéressés pourront s’y rendre.

Propos recueillis par Élise Guilloteau

Source : © L’Alsace, Samedi 21 Aout 2010

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